« «  Le bon chien   |   Domaine de la Brûlaire – Beaupréau (F) 22 août 1992  » »

Quand le soleil sera levé

(paroles et musique : Sébastien G. Couture)
© Sébastien G. Couture, 1992 (SOCAN)

Je suis assis près de la rivière
Sur une vieille planche pleine de poussière,
Sous une couverture qui me tient chaud.
Elle est là qui se serre, frileuse,
Un beau sourire, elle est heureuse;
J’pense qu’aujourd’hui il va faire beau…

Le soleil sommeille dans son lit
Comme la rivière qui coule sans bruit;
Il n’y a que nous de réveillés.
Y a p’t-être aussi deux, trois p’tites mouches
Pis un crapaud près de la grosse souche;
On n’ira pas les déranger.

C’est drôle comment j’me sens confiant,
Moi qui ai appris à être méfiant.
Comme si tout allait être lavé
Quand le soleil sera levé.

On s’est couché tôt sous la tente
Avec nos coeurs tout pleins d’attentes;
Le sommeil nous a pas trouvés.
Le temps passe trop vite quelquefois,
La nuit s’est sauvée sans qu’j’la voie;
Tant pis pour elle, j’ai rien manqué.

Puis elle m’a dit : «Viens donc dehors
Voir si l’soleil se lève encore;
On sait jamais, y est p’t-être tanné! »
Comme j’suis toujours un peu sceptique,
On s’est pas soucié des moustiques,
On est sorti s’en assurer.

C’est drôle comment j’me sens au chaud;
On n’est pas loin au-dessus de zéro.
La terre saura bien se réchauffer
Quand le soleil sera levé.

Mais si j’étais lui, j’resterais couché;
J’aurais trop de mal à caresser
Cette maîtresse devenue vieille
Qui pleure ses rides à son réveil.

Aux premiers jours, pleine de rondeur,
Elle a subi toutes nos horreurs;
Lui ferme ses yeux pour l’embraser
Chaque jour d’un nouveau baiser.

Mais le v’là qui crève l’horizon;
La nuit lui donne toujours raison.
Vieux frère fidèle au rendez-vous,
J’en ai douté, pardonne-nous…

C’est drôle comment j’étais méfiant;
Faudrait qu’j’apprenne à être confiant.
La vie n’est pas prête d’achever,
Tous les matins peuvent le prouver.

C’est drôle à quel point j’me sens mieux,
Même qu’enfin j’peux fermer les yeux.
Je sais qu’encore pour une journée
Le soleil a voulu se lever.

C’est drôle à quel point j’me sens mieux,
Même qu’enfin j’vais fermer les yeux.
J’en ai encore pour une journée
À voir la vie remplir l’été.

St-Marc-sur-le-Richelieu, 17 juin 1992

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Historique

Ben, ça, c’est une belle petite chanson que j’ai écrite à Saint-Marc-sur-le-Richelieu. C’était le week-end où je participais au concert « 100 Chansons de Brassens » au Théâtre La Licorne, à Montréal. J’en avais profité pour aller voir Carine chez sa maman.

Nous avions planté notre tente près de la rivière et nous avions attendu que le soleil se lève avant de daigner nous endormir. Le lendemain, j’écrivais la chanson. Il faut croire qu’une muse avait campé tout près de nous.

Ça reste une de mes plus belles chansons, du moins une de mes préférées. Même après toutes ces années, je ne me lasse pas de la chanter. Et comme c’est la chanson qui m’a permis de séduire mon épouse…

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